Parlons Sécu : 80 ans en octobre 2025 et toujours menacée

 

 

Pierre angulaire de la solidarité à la française, ayant pour précepte « chacun contribue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins », ses fondements n’ont jamais été acceptés par le patronat qui n’a eu de cesse de l’attaquer depuis sa création en 1945.

Elle a subi un démantèlement à bas bruit qui a ouvert la porte à la privatisation rampante. Elle a peu à peu été largement amputée d’une partie de ses financements, au nom de la baisse du coût du travail et de la compétitivité des entreprises. Et pourtant les défenseurs de l’économie libérale prétendent « défendre la Sécu », « vouloir la sauver du péril », en voulant « la réformer », mais derrière ces mots galvaudés, l’hostilité du CNPF (en son temps) puis du MEDEF (aujourd’hui) est totale et assumée. L’objectif est bien de « défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ».

S’en est suivie une réduction des droits à chaque étape de transformation : modification de la gestion en réduisant le paritarisme, fin de la caisse unique qui permettait l’équilibre financier, introduction du terme « charges sociales » remplaçant « cotisations »,  exonérations de cotisations patronales pour alléger le coût du travail, exemption de cotisations sur les HS et les primes, …

 

« Trou de la Sécu » et COVID : les exonérations récentes se révèlent être des manques à gagner et sont estimées à 80 Mds d’euros, alimentant le récit d’un épouvantail évoqué dès 1967, le fameux « trou de la sécu ».

A la faveur de l’étatisation du financement (*), les dépenses COVID ont été imputées au budget de la Sécu, ce qui  a accru considérablement le « trou ». Au lieu de compenser ce manque à gagner (80 Mds) qu’il a lui même créé, l’Etat envisage de nouvelles réductions des droits : doublement des franchises médicales, nouveaux restes à charge, limitation des droits à l’arrêt de travail, fiscalisation des indemnités ALD, taxation des mutuelles, année blanche, gel des pensions, …

(*) Etatisation du financement : 1- 1990 création de la CSG, 2- 1996 reprise en main de la gouvernance par l’Etat via l’introduction du PLFSS voté à l’Ass Nat.

 

Le recours au privé : la réduction de la couverture santé est alors devenue une aubaine pour les assurances, la finance, les banques, impatientes de développer des systèmes privés complémentaires. Une pierre pour faire deux coups : 1- le Service Public est accusé d’inefficacité, de gabegie (alors que tout prouve qu’il est moins coûteux et plus protecteur), 2- ces organismes disposent de fonds investis dans l’économie, et par exemple peuvent livrer la retraite par répartition à des fonds de pensions. Force est de constater que cette bataille contre les usagers est menée avec l’assentiment de l’Etat.

 

Les hostilités contre la Sécurité Sociale se poursuivent.

  • Rappelons ses ambitions premières : être un outil puissant d’émancipation pour mettre la population à l’abri du besoin et en finir avec la peur du lendemain, être un système fondé sur la solidarité sociale nationale pour que chacun-e puisse faire face aux aléas de la vie (maladie, vieillesse, accidents du travail, chômage, …)
  • N’oublions pas ses 4 principes malmenés :
  • l’universalité (accès à la protection sociale pour TOUS).
  • UNE caisse unique (maladie, les accidents du travail et maladies professionnelles, la retraite et la famille).
  • la COTISATION (et non l’impôt), censée préserver l’autonomie de la SS // aux arbitrages de l’Etat.
  • Le PARITARISME et la démocratie sociale de la gestion (en 1945 75% salariés, 25% patronat, aujourd’hui variable selon les caisses, selon le rôle dévolu à l’Etat).

Défendons-la contre la voracité ultralibérale !

Martine SOREAU – Annie LOGOZ

Pour aller plus loin:  Notre bulletin spécial 80 ans de la sécu